Si vous avez l’occasion de porter un kimono lors de votre séjour à Izumo, ne vous en privez pas, car ce sera un peu comme vous envelopper dans un cocon de culture japonaise. Pas de panique, le personnel de la boutique Goen Style sera là pour vous faciliter la tâche. Louez votre kimono pour la journée et profitez du quartier d’Izumo Taisha et de ses cafés au rythme imposé par votre élégante tenue.
Rendez-vous d’abord à la boutique Goen Style pour choisir le kimono et ses accessoires avec l’aide du personnel.
Du côté des filles vous ne souffrirez pas d’un manque de choix au niveau des motifs et des couleurs de kimonos disponibles. J’hésitais pour ma part entre un kimono d’un beau bleu canard aux motifs de marguerites et un kimono au violet somptueux et motifs de lys, mais le personnel a orienté mon choix vers le violet, en m’assurant que « les lys m’allaient très bien ». Côté garçons, les couleurs ne sont pas aussi vibrantes et le choix peut sembler plus restreint, mais rassurez-vous, porter un kimono ne se limite pas à l’aspect du vêtement et vous en ferez vite l’expérience.
Après le choix du kimono, le personnel m’a aussi guidé dans le choix du obi, la ceinture qui vient fermer le kimono. Le résultat fut un obi jaune avec des étoiles magenta en motif léger. A mes yeux d’occidentale, c’était de prime abord un choix un peu bizarre. « Le jaune ne va-t-il pas trop contraster par rapport au violet ? », songeais-je en me remémorant de lointains courts d’art plastique. J’ai donc demandé au monsieur qui me recommandait ce obi comment il s’y prenait pour choisir tel ou tel obi pour ses clients.
Il inspira de l’air entre ses dents et finit dans un haussement d’épaules. « Il n’y a pas vraiment de règle, je suis surtout mon impression. Je prends en compte la couleur dominante du kimono, ses motifs et aussi l’aura qui se dégage de la personne qui va le porter, ensuite je choisis simplement ce qui me semble correspondre le mieux à tous ces éléments mis ensemble. »
Par la suite il m’expliqua que si un kimono possède un motif fin et détaillé, il choisira plutôt un obi avec un motif plus gros, et que ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir un obi qui fait ressortir la couleur du kimono. Le contraste des couleurs semble donc être de bon ton au moment du choix d’un kimono, comme le portique d’un sanctuaire couleur vermillon sur un ciel bleu d’automne.
Il était maintenant temps d’enfiler ce kimono. Une étape qui peut se révéler intimidante, mais la dame qui m’a habillée a su m’envelopper impeccablement dans ce cocon de tissu.
Ils savent vraiment ce qu’ils font et parviennent à maintenir bien serré les différentes couches de tissu tout en permettant à la personne de respirer normalement. La formule que j’ai choisie comprenait la coiffure et les accessoires pour cheveux, j’étais un peu inquiète de ce que la dame allait pouvoir faire de mes cheveux fins et d’ordinaire impossibles à coiffer, mais elle a réussi à obtenir une coiffure élégante bien assortie au kimono.
Dernière étape, enfiler les geta ou traditionnelles socques de bois. Elles seront sûrement trop petites pour n’importe quel occidental, mais le personnel m’a affirmé qu’en l’occurence cela fait très chic d’avoir le talon qui dépasse de la sandale ! Si vous pensez ne pas pouvoir supporter les geta toute la journée, je vous conseille de prendre avec vous une paire de chaussures de rechange, juste au cas où. On vous permettra également de laisser toutes vos affaires à la boutique et vous pourrez ainsi vous promener librement dans votre kimono, sans avoir à transporter votre sac à dos ou votre manteau.
Me voilà prête à profiter des environs dans mon magnifique kimono !
J’étais d’abord agréablement surprise, car malgré le froid qu’il faisait ce jour-là les différentes couches du kimono m’ont bien protégée. Bien sûr, notre première visite fut pour Izumo Taisha. Une petite précision me semble cependant de rigueur : n’essayez pas de courir partout avec votre kimono. Il est important de faire des petits pas pour garder les différentes couches de tissu bien en place afin que votre tenue reste impeccable.
Cela a été l’occasion de vraiment ralentir notre rythme et de prendre notre temps pour admirer chaque détail du sanctuaire. Et quand nous sommes allés voir l’arbre millénaire à côté du petit sanctuaire Inochinushi no Yashiro, être en kimono m’a donné l’impression d’être comme figée dans le temps.
Après Izumo Taisha nous sommes revenus vers la place Seidamari et la rue Shinmon-dori pour faire un tour dans la petite rue marchande Goen Yokocho. Là-bas, en plus des boutiques, vous trouverez des casiers, des toilettes, du Wi-fi gratuit et un espace pour faire une petite pause. Nous avons aussi testé l’atelier « goen shimenawa taiken kobo », où j’ai réussi à faire un modèle miniature de la corde sacrée géante qui décore le bâtiment Kagura-den d’Izumo Taisha.
Même si vous ne comprenez pas le japonais, le personnel vous accompagne vraiment de A à Z pour vous aider à réaliser votre shimenawa en vous montrant chaque étape. J’ai fait un accessoire pour mon téléphone portable et Alexander une décoration qu’il compte accrocher sur sa porte d’entrée. J’étais plutôt contente du résultat et cela fait vraiment un beau souvenir de voyage à ramener chez soi !
Ensuite nous sommes allés au Izumo Cutural Heritage Museum (Izumo Bunka Denshokan), qui se trouve à cinq minutes en taxi depuis Izumo Taisha.
Il s’agit d’une ancienne propriété qui appartenait à une famille de riches agriculteurs, la famille Ezumi. La maison, dont la construction date de 1896, a été restaurée et est ouverte au public. Elle est protégée des rafales de vent par un mur de pins et possède un charmant jardin japonais.
En plus de la maison que vous pouvez visiter librement, il est aussi possible d’admirer de l’extérieur le Dokuraku-an, un des pavillons de thé préférés du célèbre seigneur de Matsue et maître de thé Fumai Ko. Un autre bâtiment sert de musée et expose différentes œuvres tout au long de l’année.
Enfin, dans le pavillon de thé Shorai-tei vous pouvez commander un thé matcha accompagné d’une pâtisserie japonaise. Le goût de la pâtisserie, l’odeur du thé, la sensation du tatami sous vos pieds, la vue sur le jardin et la sérénité ambiante... autant d’éléments qui en font un moment parfait, et l’immersion sera totale si en plus vous êtes en kimono !
2-15 Enya ari hara-cho, Izumo-shi, Shimane-ken (Localiser)
Tél. : 0853-24-1212
Ouvert : de 9h00 à 17h00 Fermé le lundi (ouvert les jours fériés) et du 29 décembre au 3 janvier.
Quand on se promène en kimono on se sent très élégant, mais cela fatigue aussi très vite. Pas d’inquiétude cependant, au moment de trouver un café pour une pause vous n’aurez que l’embarras du choix.
Juste en face de la place Seidamari qui donne accès à Izumo Taisha, se trouve – je vous le donne en mille – un café Starbucks. Ne jetons pas trop vite la pierre à cette chaîne, qui a ici réussi à habiller son café dans un élégant style architectural traditionnel japonais, et qui partage la moitié du bâtiment avec un magasin de souvenirs local. A l’étage vous pourrez profiter de sièges sans dossier afin de préserver le nœud de votre obi. Je dois avouer m’être d’abord sentie un peu troublée de voir cette marque américaine d’envergure mondiale s’être installée ici aussi, juste à côté d’un site millénaire sacré. Cependant, je me suis souvenue de ma conversation avec le personnel du restaurant de soba Arakiya, et de comment ils s’y prenaient à l’époque d’Edo pour faire venir les clients chez eux après qu’ils aient visité le sanctuaire. Le mercantilisme n’a rien de nouveau, et si vous choisissez d’aller à Starbucks après votre visite à Izumo Taisha, alors vous n’êtes peut-être pas si différent des gens qui venaient ici il y a 300 ans ?
Il y a bien sûr d’autres options : si vous cherchez un endroit qui propose du bon café, Taisha Coffee est une bonne alternative à la chaîne américaine, et la vue qui donne sur la rue depuis le deuxième étage du magasin est très agréable. Le Kutsurogi Wa Café Amaemon propose des « zenzai », un dessert japonais originaire d’Izumo qui consiste en une soupe chaude ou froide de haricots rouges sucrée avec des morceaux de mochi (pâte de riz). A Terakoyahonpo les amateurs de crème glacée pourront s’offrir une glace au matcha, et si vous aimez les manju, brioches farcies à la pâte de haricot sucrée, rendez-vous à Tawarayakaho.
Personnellement, j’avais un faible pour Okinogami Blue Cacao’s Chocolate Factory. Situé un peu à l’écart de la rue principale, vous pourrez y voir le personnel transformer le cacao dans leur atelier pendant que vous testez des chocolats du monde entier.
J’ai goûté à du chocolat du Costa Rica, qui était plutôt amer au début, mais a dévoilé un bel arôme en arrière-goût. J’ai aussi essayé un chocolat appelé Izumo Matcha et pour finir je me suis encore fait plaisir avec leur chocolat chaud qui était absolument divin !
En fin d’après-midi, il était temps d’aller rendre le kimono, mais la journée n’était pas finie ! Direction, l’ancienne gare Taisha.
Il s’agit d’un grand bâtiment haut de plafond qui fait fortement penser à une architecture européenne typique du Japon du début du XXᵉ siècle. On peut y voir de vieux mannequins qui portent des vêtements d’époque, ce qui donne un peu la chair de poule, mais est en même temps assez fascinant.
Sur les rails maintenant à l’abandon de la gare, une réplique d’une ancienne locomotive a été mise à disposition et ravira sans ancun doute les petits et les grands amateurs de train ! Au moment où j’écris ces lignes aucune explication n’est disponible ni en français, ni en anglais, mais le bâtiment n’étant qu’à quinze minutes à pied d’Izumo Taisha cela fait une agréable promenade et l’ambiance « Taisho Roman » (du nom de l’ère Taisho) de cette gare est tout à fait fascinante (on se retrouve plongé dans le Japon d’il y a 100 ans).
Pour faire court : porter un kimono lors de ma visite à Izumo Taisha a vraiment permis une immersion totale dans la culture japonaise. Si vous louez un kimono pour visiter Izumo Taisha et ses environs, cela va littéralement vous ralentir, mais ce sera pour le mieux !